samedi 7 juin 2008

Curiosités de la langue


L’augmentation vive du prix des carburants est fortement préjudiciable à certaines catégories professionnelles, parmi lesquelles, les pêcheurs. Alors, on parle de pêche, qui est un nom sur lequel on peut s’attarder. D’abord on peut noter que le nom supplante la plupart du temps le verbe. On peut dire « je vais pêcher », bien sûr, mais bien plus souvent, on dira « je vais à la pêche ». Et cette expression a plusieurs échos figurés. Ou bien on va essayer de prendre du poisson – ça, c’est le sens littéral – ou bien on va essayer de prendre ce qui se présente. C’est le sens fréquent de l’expression, qu’on trouve dans des environnements très divers. Par exemple, si je dis que je vais à la pêche à l’information, cela signifie que je vais chercher de l’information, mais un peu au hasard, ne sachant pas exactement ce que je trouverai. Pour cela, l’image de la pêche est idéale : en effet, on jette sa ligne sous l’eau, sans savoir ce que cette eau cache. L’idée qui domine est donc celle de l’incertitude, liée à celle de chance. On retrouve cela dans l’expression « ça mord ? » qui indique bien que si le poisson mord à l’hameçon, c’est justement que le pêcheur a su l’attendre sans vouloir forcer sa chance. L’expression peut parfois se moduler : « pêcher en eau trouble » signifie évoluer dans des milieux louches, et même avoir des activités suspectes, liées à des gens peu recommandables. L’adjectif « trouble » joue ici sur ses deux registres : un milieu qui n’est pas transparent (donc qui cache des mystères et peut-être des dangers) et un milieu qui est suspect.
Quand il y a des élections, on parle des votants, et de ceux qui se sont abstenus de voter, les abstentionnistes, ceux qui ont été à la pêche, au lieu de se rendre au bureau de vote. « Aller à la pêche » est donc une manière humoristique de dire qu’on n’a pas rempli son devoir de citoyen, et qu’on lui a préféré un plaisir plus solitaire.

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