Les Français sceptiques sur la capacité de Nicolas Sarkozy à relancer l'Europe

A une semaine de la présidence française de l'Union européenne les Français sont aussi pessimistes sur les bénéfices de la construction européenne qu'en 2005, année du référendum français. En moyenne depuis 2005, 37 % des Français pensent que la France n'a pas bénéficié de l'Union. C'est ce que révèlent plusieurs sondages récents parus depuis le non irlandais au traité de Lisbonne.
Une étude TNS-Sofres, publiée mardi 24 juin, constate que depuis 1973, date à laquelle la Commission européenne a commencé à mesurer l'opinion des Européens, le pessimisme français fluctue selon la perception de la situation économique et politique nationale. Alors que les Français estimaient à 60 % après l'élection de Nicolas Sarkozy, que l'appartenance de la France à l'UE était une bonne chose, ils ne sont plus que 48 % aujourd'hui, selon l'eurobaromètre réalisé de mars à mai 2008 auprès de 30 000 personnes. Ils étaient 45 % en 2005. L'europhilie était à son plus haut niveau sous le gouvernement Jospin qui bénéficiait en 2000 d'une croissance à 3,9 % du PIB. Aujourd'hui, près de 80 % des Français estiment que "les choses ont tendance à aller plus mal." 48 % des personnes interrogées pensent que l'UE ne les aide pas à se protéger des effets négatifs de la mondialisation. Associant mondialisation et délocalisation, ils vivent la construction européenne comme une régression sociale.
Le troisième non au traité européen a signé le désamour de l'Europe, commente le commissaire français Jacques Barrot qui voudrait voir renaître un désir d'Europe. Dans ce contexte, seules 39 % des personnes interrrogées croient que la présidence française de l'Union pourra changer les choses de manière positive. Le non irlandais et l'incapacité de l'Union à trouver une réponse concertée à la crise des prix du carburants ont servi d'électrochoc. Le décalage entre les politiques européennes et les attentes des populations de l'Union a dominé l'audition, mardi, du secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, par les délégations pour l'Union européenne de l'Assemblée nationale et du Sénat. "Le décrochage des peuples avec l'UE est un problème énorme qu'on ne résoudra pas par miracle", a déclaré l'ancienne ministre socialiste Catherine Tasca, en s'interrogeant sur la capacité de la présidence française à y répondre. La situation a amené le gouvernement à corriger le tir en mettant davantage en avant ces derniers jours la politique sociale dans les objectifs de sa présidence. "Nous allons corriger cette insuffisance, nous ferons en sorte qu'elle soit notre cinquième priorité", a confirmé M. Jouyet.
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