mardi 29 avril 2008

Ouverture culturelle


La disparition d’Aimé Césaire est un deuil pour les artistes de la francophonie, bien au-delà des seuls Martiniquais dont il fut le député pendant un demi-siècle. L’homme qui vient de disparaitre à 94 ans, fut l'auteur du terme de « négritude » et du courant littéraire qui s'en est suivi, prônant la libération de l’homme noir qui, aux Amériques ou en Afrique, vivait sous la domination de la civilisation occidentale. Orienté vers le lycée Louis-le-Grand à Paris, établissement de l’élite des écoles de la République, il y rencontre dès le premier jour un autre Noir, qui l’a précédé sur le même chemin d’excellence, mais en provenance du Sénégal: Léopold Sédar Senghor et ils seront des amis de toute une vie. Ensemble, ils réfléchissent à leur situation commune d’hommes noirs issus du vaste ensemble colonial français tout en se passionnant pour la littérature française et les idées politiques qui agitent le milieu étudiant parisien dans ces turbulentes années 30. Rien ne leur convient dans les pensées et idéologies qui leur sont proposées ou enseignées. Ensemble, ils posent les jalons de ce qui deviendra la négritude, affirmation de liberté individuelle et collective, restauration de leur fierté identitaire. Dans ses premiers écrits, et notamment Cahier d’un retour au pays natal, publié en 1939, Césaire propose une nouvelle dignité à l’homme noir, au-delà des oppositions rituelles entre opprimé et oppresseur, prolétaire et bourgeois. La révolution de la négritude est surtout une affaire d’estime et de respect, à une époque où les artistes antillais hésitent entre de multiples tentations contradictoires : se fondre dans la culture métropolitaine par la musique classique ou la chanson sentimentale conventionnelle, se faire passer pour des Américains et jouer du jazz...

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